Bleu
vendredi 1 octobre 2010
celle qui repousse
plante ses ongles aux froids déserts
s'y dresse à quatre pattes
le coeur éteint comme un phare
« cessez
doigts qui se tordent »
Nicolas de Staël, Nu couché bleu, 1955. Read more...
il est bon de s'enfarger dedans
coeur a cassé
sa dent creuse
dans le sexe
je cache sous le lit
de friables tendresses
au Jardin nos doigts ont froidi
sur la grille comme des serres
au cou d’une bête
de moins en moins vive
coup de feu
mais pour toi il n’y avait pas
de son rien
ni de chute
tire ma hanche à l’intérieur d’un espace où battra mon coeur sans souiller mon sang
tire ma hanche à l’intérieur d’un espace
où battra mon coeur
tire
Je serai ce jeudi 22 avril en lecture à la Maison de la culture du Plateau Mont-Royal, juste avant le spectacle de danse "Sonya et Yves". Entrée gratuite. 20h. Au plaisir de vous y voir!
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jusqu’au plafond
tu étires ta chevelure :
tendre
il vaut mieux quoi qu’il arrive
se dire tendre
-nul goût pour la fuite
tu t’acharnes à l’est
là où le soleil
fait front
Photographie : F. Woodman.
les rangs de glaïeuls s’étalent contre terre
je mords les tiges et ficelle
les bouquets
une femme heureuse respire
l’échancrure de ma chemise
c’est le temps de rentrer
-
déjà le frais du matin ondule de chaleur
aurons-nous le temps de jouir
du café
et corps à corps
de la peau douce avant les sueurs
vagues d’été
Tous droits réservés : Isabelle Gaudet-Labine et L'Estuaire.
tu dors - comme moi l’orage
lèche le soleil
avec la joie d’un chiot
il n’y a plus de lutte à mener -
tu as le sourire des matins
roses
où le petit jour
est bercé
légers les fusils
qui visent des oiseaux
et des hommes qui tombent
tête première dans les bois
tueurs ballerine
une proie ou deux
le temps se couvre
il vaut mieux tirer
cueillir ces fleurs
pour le maître de chasse
j'avais un grand poisson
aux yeux brillants
y passait en trombe le monde
et des reflets de noyées
quand tes mots ne cherchent
pas les miens
qu’ils me laissent close
j'entrevois la peau mate
de ces corps
abandonnés
La très belle revue L'Oiseau-Tigre du Théâtre français vient de paraître, avec quelques-uns de mes poèmes. En voici deux, le premier inspiré de l'oeuvre Moi/toi Ici/là-bas de Francine Savard, le deuxième de Indelible Memories de Sophie Jodoin.
ici X
sommes déjà plusieurs
à qui rien n'arrive
je retrace X
et pense à toi
dans mes sous-vêtements
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un chiot aboie en bavant
sur les pieds d'une fillette
elle n'avance pas la main
trop d'images de chiens
l'empêchent
de se mouvoir jusqu'à lui
Tous droits réservés : Isabelle Gaudet-Labine et L'Oiseau-Tigre.
printemps panache
casse le temps tranche
l'obscurité
déjà les lilas jouissent et préparent des parfums à incliner tout corps
un poids
à pointer tout entier vers
en poudre en mèche cette fébrile mortelle
enfoncée furieuse au coeur d'elle
porter atteinte à la vie
voici exhibés
les bois
à perte la matière d'aimer et mourir
donne forme - les glaces fondent :
elle a levé la tête
la belle bête
Le jour a passé. Nantes. L'amour d'un frère, d'un enfant. Dans le vent froid de la Loire, les lèvres engourdissent - douleur jouissive contre la mort réveillée, ce poids balançant le nôtre. On se tourne vers cette minuscule main, cette vie légère appuyée contre nous, tendre. Sourires.
Le pas s'allonge près des tramways au rythme du frère - wagons, secousses, ferraille - coeur ferré - on le pense alors, on entend les départs, les freins, les départs.
Partir, par les rues entrer Église St-Nicholas - ses murs criblés de balles - les rayons blancs par les vitraux brisés. L'enfant du frère demeure silencieux, ses grands yeux fixent plafonds et ciels, n'importe quoi pourvu que nous soyons là - nous le sommes.
Le Jardin des plantes exhibe ses noms : Chêne zen, Chêne Condé, Chêne ceci-cela. Avertissement : "nos pelouses centenaires sont réservées aux petits oiseaux".
Effluves de roses naissantes. Le tronc pétrifié d'une femme - les fesses parfaites, la courbe du dos et de l'épaule - agite l'air d'une puissance minérale. Printemps. Donne à ressaisir le crin des heures, à le tenir fermement en direction de.
Bel et bien sans honte embrasser. Le jour, l'enfant, le frère, la vie ses morts - tout cela Nantes. Bientôt Paris. Puis Montréal, à nouveau.
il n'y a pas de lieu
à heure à coeur fixe
c'est en mentant que nos pleurs
sont beaux
c'est le temps de partir
doigts perchés sur le rebord
des vitres
- pour l'heure je fonce -
désagonise les jours
orfèvrerie des passages
dans le gris Paris
bleu le phare des yeux
Trop de tristesse enfermée en soi - dans les replis - surgit au soir alors que la lune
disparaît - dans la lumière bleue de villes
couveuses d'infini - caresse sans nom par ici pute petite entre les draps par ici passe
une rue creusée de sel.
Toutes ces nuits où l'on perd.
Abîme secoué -
les
sanglots.
J'ai retrouvé mon nom - lâché comme un chien dans un champs fraîchement hersé - en partie - quelques rangs – je suis cet étendu d'orge dressée dans le vent – mer ondulante de paille et d’épis que des sillons droits terrassent et traversent - terre à demi apprivoisée que l'on soigne - que l’on hait - étirée par le fond jusqu'à la rivière qui l'érode - lentement - avec amour - comme se nourrissent et se rongent deux corps dépendant l'un de l'autre - Mon nom a germé sur cette terre immense - en a reçu le chaos ordonné - la nécessité trouble - en toutes lettres ce nom trop long rappelle la fatigue - le désespoir - la colère ayant pleuré sur ces arpents d'enfance ridée – il rappelle aussi ces moments sans mémoire - au bout des jours - où l'on contemplait les feux du couchant sur la tête blonde de nos champs - quand le calme revenait et qu’on y passait la main – vaincu par quelque tendresse - quelque paix.
Read more...jours blancs jetés en poudre
le long d'autoroutes aux lumières violentes
renfort - courage
pour voir
aurai-je assez de yeux?
aucune ligne ne portera mon nom
rien qu’un espace large
où tout pourra prendre forme
chaque jour il s’assoit au pied de la mer pour épier la mer –
dans l’attente – il relâche son ennui
supporte l’immuable
– une brume un bateau –
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