Les outardes
lundi 9 novembre 2009
Depuis l'enfance j'entretiens toutes sortes d'idées reliées aux outardes qui me viennent à coup sûr du culte que voue ma parenté entière à ces oiseaux migrateurs, emblèmes de tout et de rien. Une partie de moi s'est identifiée à ces volatiles pour leur incapacité à rester en place, pour leur liberté dans le voyage, et leur gueule de fiers étrangers. Depuis peu, en les observant mieux, je me suis rendu compte que je m'étais trompée. Sous ce nouveau jour je les découvrais unies, toujours fidèles à leur route et obstinément familières.
Quelle image convient le mieux? Aucune. Je tiens maintenant à les laisser s'envoler, être tout simplement les outardes qu'elles sont, magnifiques et loin de toute symbolique humaine. Du même coup, pourquoi ne pas me laisser, moi aussi, être tout simplement ce que je suis.
Une volée se pose devant moi et spontanément j'élève la voix pour me joindre à leurs cris... Grand silence soudain. Elles restent là, s'ébrouent, et attendent que je me taise. Bien vu, je me tais.
Quel plaisir c'est.
Des ombres en formes d'oiseaux, extrait :
L'eau montait jusqu'aux genoux
j'étais par milliers
à pousser sur mes épaules
à entendre le vacarme du corps
qui se noie
l'eau montait jusqu'aux genoux
subitement le silence
une volée d'oies blanches
ouvre un losange dans le ciel
y passer ma tête
y respirer
Tous droits réservés : Isabelle Gaudet-Labine, Des ombres en formes d'oiseaux, Éditions du Noroît.
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire